On parle beaucoup de croissance ces temps-ci. C’est le mot à la mode ! Toujours de beaux discours à son sujet ! Mais qu’attend-on pour passer aux actes ? Pour relancer la croissance il faut, nous dit-on, ouvrir les crédits. Les banquiers qui, rappelons-le, créent "le crédit à partir du néant" comme l’avouait Ralph G Hawtrey et bien d’autres économistes (M. H. D. Mac Leod, Josiah Stamp, Reginald McKenna et John M. Keynes lui-même), sont réticents à ouvrir ces crédits car ils craignent qu’on ne les rembourse pas ! Mais qu’attend-on pour rendre aux États l'émission du crédit qui représente 95% de l’argent en circulation ? Battre monnaie était un droit régalien. Pourquoi a-t-on laissé ce droit aux banques ? Pour qu’elles contrôlent la politique d’un pays ? Il faut de plus que ce crédit soit sans intérêt ! Le but de tout crédit n'est-il pas de développer ou transformer des ressources ou richesses "potentielles", en richesses "cinétiques" ou "dynamiques" ? Ce n'est donc qu'un transfert de richesses "dormantes" en richesses "vivantes", utiles à l'humanité ! A la fin de la réalisation du projet le montant du crédit se retrouve intégralement dans la valeur du produit créé ou du service rendu. Ces derniers sont devenus une richesse tangible dont la valeur correspond au moins au montant du crédit. Cette richesse doit être portée dans la colonne Actif de la comptabilité équilibrant ainsi la colonne Passif. Ne parle-t-on pas en effet de "valeur ajoutée" dont l’État tire d'ailleurs une taxe (TVA) ?
Dans le domaine économique orthodoxe, actuellement pratiqué par notre monde moderne occidental, elle correspond à un accroissement de la production, non pas pour satisfaire avant tout les besoins d'une population vivant dans la misère, mais généralement pour accroître encore le profit, profit surtout réservé à une infime minorité, les actionnaires, qui ne représentent que 5% de la population mondiale.
La croissance, nous dit-on, est en berne actuellement. Certains produits ne se vendent plus, des usines ferment et le chômage augmente. Nos économistes, toujours "distingués", s’en inquiètent car, selon eux, suivant les théories de Keynes, le retour à la croissance serait la solution aux problèmes économiques actuels et permettrait de diminuer le chômage, ce qui implique l’intervention des Etats qui malheureusement ne se fait pas dans la bonne direction puisqu'ils pratiquent toujours une comptabilité bancale et qu'ils n'exercent pas leur droit régalien de "battre monnaie" et d'émettre le crédit qu'ils laissent aux banques. Ils devraient méditer les propos suivants: "celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini, est soit un fou, soit un économiste " (Kenneth Boulding). Mais nos économistes, toujours distingués, ne sont-ils pas un peu fou pour ne pas saisir l'absurdité du système économique actuel ?
Une croissance, qui plus est exponentielle, n’est en effet pas concevable car elle conduirait le monde à sa perte et sans doute à des guerres meurtrières. C’est pourquoi il convient de réguler, et peut-être même de modérer certains programmes, de préconiser une croissance nulle, ou même, comme le suggère Albert Jacquard, d'être pour une "décroissance soutenable". ("Le compte à rebourd a-t-il commencé?", Stock).
Pour ma part je suis pour :
- Réguler d'abord les naissances, comme Malthus le suggérait et comme le pratique la Chine, car notre monde a certaines ressources limitées qui seront incapables de satisfaires les besoins vitaux de 9 ou 10 milliards d'habitants. Mais la liberté totale de la femme n’y contribuera-t-elle pas comme on le constate dans nos pays civilisés où le nombre de naissance est inférieur ou tout juste suffisant pour assurer le renouvellement des générations ? Aussi doit-on tout faire pour rendre totalement libres les femmes, d'abord libres de s'instruire, libres de leurs mouvements, libres économiquement et libres de leur comportement sexuel. Ceci implique de s'élever contre certains dogmes religieux qui soumettent la femme aux directives de l'homme, de l'époux, mais aussi de dirigeants religieux.
- Changer dans nos pays occidentaux notre comportement égoïste de nantis, mieux partager les biens que la nature est capable de produire sur notre Terre, cette "maison" de l'humanité, dont les ressources constituent le capital.
- Avoir un comportement responsable et non enfantin ou même débile, c'est à dire prendre soin de notre environnement, ne plus polluer, diminuer la production de gaz soit à effet de serre, soit destructeurs de l'ozone et pollueur de notre air, développer au plus vite les énergies non polluantes, l'énergie étant infinie tant que le soleil (énergie solaire) et notre Terre (énergies géothermique, éolienne, hydrolienne, hydraulique, marémotrice) exsteront.
- Freiner bien évidemment la consommation de certains produits, certaines ressources naturelles, tel le pétrole, le gaz, le charbon, les métaux, la surface des terres cultivables, etc., n’étant pas inépuisables ou infinies. C’est pourquoi aussi il convient de ne pas gaspiller certains produits comme on le fait dans nos pays occidentaux, de les remplacer par d’autres non périssables, et de recycler le plus possible certains déchets. Mais on est encore loin de la disette.
Une croissance raisonnable, du moins dans certains domaines de l'activité humaine, est absolument nécessaire et possible surtout pour soulager la misère d’un quart de la population mondiale qui n’a pas encore accès à l’eau potable, à l’énergie et même aux produits de première nécessité, et surtout à l’instruction. La famine n’existe-t-elle pas dans de très nombreux pays dits du Tiers Monde ? Or les ressources existent ! Selon la FAO 1.5 milliards d'hectares sur les 4.5 milliards disponibles sont actuellement exploités. De plus certaines surfaces actuellement utilisées pour la production de produits nocifs tels tabac, coca, héroïne, et autres drogues., pourraient être utilisées pour produire les biens nécessaires à la vie. Mais pour inciter les agriculteurs afghans, colombiens et autres à cultiver autre chose convient-il aussi à payer à leur juste prix les produits vitaux que sont les céréales, le fourrage, la forêt, etc.
On trouve toujours de l’argent pour faire la guerre ! Ne peut-on pas en trouver pour éradiquer la misère en développant tout ce dont le monde a besoin pour vivre décemment ? Que les États ouvrent au plus vite ces crédits sans faire appel aux banquiers et financiers ! Et que, comme le demandait Maurice Allais, l’économie soit au service de l’Homme et non l’inverse !