Principes d’Economie Politique Scientifique et de Progrès Social
W.G. SERRA, 1933
L'objet des Propositions de CREDIT SOCIAL est de procurer à la masse de la Nation ou de la Communauté la RICHESSE FINANCIERE qui représente sa RICHESSE REELLE.
Pour y arriver, deux conditions sont essentielles :
1 - Le Contrôle du Crédit National ;
2 - Le Contrôle scientifique des Prix.
___________________________________
Sommaire
______________
A – RICHESSE
Richesse réelle Richesse financière
Marchandises, biens et potentiel productif, L’argent qui peut être échangé contre des
en d’autres termes : Capacité de Production. marchandises et des services.
____________
B. – PAUVRETE
Pauvreté réelle Pauvreté monétaire
Absence de Potentiel Productif . Manque de pouvoir d’achat c’est-à-dire d’argent.
_____________
C. – DEMANDE
Demande réelle Demande effective
Besoin ou désir présents pour les Désir de se procurer des marchandises,
marchandises, biens ou services. biens ou services, fondé sur l’argent
disponible pour se les procurer.
______________
D. – CREDIT
Crédit réel Crédit financier
Présomption que la communauté est capable Supputation des limites entre lesquelles
de produire et de fournir toutes les marchandises, la communauté est susceptible de payer,
biens et services nécessaires à la satisfaction de fournir la contre-valeur-argent de
totale de ses besoins présents ; cette présomption marchandises et des services estimés en
est fondée sur l’estimation de la capacité de argent.
production de la communauté.
_________________
Un réajustement du système du Crédit est nécessaire d'une manière urgente. Il doit avoir pour objet tout d'abord, une réduction des prix, et l'augmentation de la consommation dans la masse de la communauté. L'augmentation de la consommation nationale remettrait, de toute évidence, en marche les rouages de la production nationale, et abolirait les terribles maux sociaux de la misère et du chômage.
__________________
COMMENTAIRES
A
La Richesse réelle, c'est‑à‑dire tous les produits existants de l'industrie et le potentiel productif, devrait être la base unique de la Richesse financière et du système monétaire, et non pas l’OR, monopole bancaire.
B
Une communauté qui a un volume sain de besoins justifiés et de demandes , et qui possède un potentiel de production capable de fournir les matières dont elle a besoin, n'est pas pauvre. Le fait qu'un peuple sain est monétairement pauvre indique que le système financier qui le régit a besoin d'une réforme radicale, et d'un réajustement urgent aux conditions modernes de la vie.
C
Les besoins (demande réelle) d'une communauté, en alimentation rationnelle, vêtements, abris salubres, éducation et loisirs normaux, ne sauraient être mués en demande effective qu'à la condition que cette communauté possède l'argent ou mieux les moyens d'échange, nécessaires pour que chaque individu puisse se procurer c'est-à-dire acheter, les marchandises et les services que la communauté produit et fournit.
D
Le Crédit réel d'une communauté n'est autre chose que la croyance ou la foi en sa capacité intrinsèque de produire les marchandises et les services dans la mesure et au moment où ils sont requis.
Le Crédit financier d'une communauté est la croyance en sa capacité de payer.
Les émissions de Crédit financier devraient en tout temps représenter une valeur correspondante de Crédit réel.
Afin de fournir aux entreprises utiles les capitaux qui leur sont nécessaires les crédits devraient être donnés :
a) aux travailleurs et employés sur la base de la valeur‑argent de leur capacité de produire des marchandises ou de fournir des services dans un temps donné;
b) aux employeurs sur la base de la valeur‑argent de l'outillage, des machines et de l'organisation qu’ils possèdent.
Employeurs et employés auraient ainsi un intérêt commun dans l'industrie, et les revenus dérivés en seraient augmentés pour tous.
_________________
FORMULE DU JUSTE PRIX
Prix au consommateur Coût financier de la consommation nationale totale
(c'est‑à‑dire Juste Prix) + Exportations
--------------------------------------- = ---------------------------------------
Coût financier de production Coût financier de la production nationale totale
+ Importations
Le prix des marchandises aux consommateurs, ne devrait consister uniquement que dans le prix des matières et du temps utilisés à leur production.
Toutes les autres charges, ‑ tel que le prix de l'outillage nécessaire et les capitaux immobilises, ‑ devraient être payés par des crédits émis au fabricant, crédits à provenir d'un compte de Crédit national, étant donné que les capitaux immobilisés représentent de la richesse nationale.
Base Théorique
A - La capacité actuelle de production est gaspillée ou neutralisée par les restrictions imposées par le système financier. La production peut être facilement et rapidement accrue au niveau de n’importe quelle demande consécutive à l’élimination de ces restrictions artificielles.
B - La fonction de l'argent est de servir de MOYEN sans valeur intrinsèque dans la distribution des marchandises, des biens et des services.
C - La base du système monétaire doit être la capacité réelle et actuelle de production de la communauté, et non pas l'or, de telle sorte que la richesse financière de la communauté reflète exactement sa richesse réelle.
D - C'est à l'Etat qu'il appartient de créer et de répartir, et non pas d'emprunter, ‑ l'argent.
E - L’Etat doit avoir une politique monétaire qui stimule la consommation jusqu’à la complète satisfaction des besoins de l’individu.
C’est à l’Etat qu’il appartient de contrôler et de stimuler la production pour satisfaire une capacité accrue de consommation, jusqu’à la limite de la demande effective.
F - Le système monétaire de la communauté doit être administré scientifiquement par les représentants de la communauté et dans l'intérêt de toute la population composant la communauté ; et non pas par des banquiers privés et des financiers qui ne sont naturellement préoccupés que du succès de leurs opérations financières et bancaires à leur profit, c'est‑à‑dire au détriment de la communauté.
______________________
Propositions
1 - L’Etat donnera à la communauté un pouvoir d’achat additionnel.
Ainsi sera accrue la demande effective pour les produits de l’industrie, en proportion de l’accroissement du pouvoir d’achat distribué, à la condition que la méthode adoptée soit fondée sur des principes tels que les moyens d’achat et de paiement additionnels créés ne produisent pas d’inflation.
2 - L'un des deux procédés suivants est à adopter :
a) Ou bien l' Etat ordonnera un abaissement sensible du niveau des prix sans réduire la quantité des moyens d'achat et de paiement.
b) Ou bien, sans toucher au niveau des prix, l'Etat augmentera proportionnellement le revenu global de la communauté.
Dans l'un et l'autre cas le principe restera le même et la quantité de pouvoir d'achat nouveau sera identique.
Pour illustrer ce principe, la méthode a) est exposée ci‑après.
3 - La caractéristique vitale et essentielle de la Politique Monétaire nouvelle consiste en ce que les charges d'immobilisation des entreprises et du commerce autres que celles qui représentent une destruction de richesses dans les procédés de fabrication, seront liquidées par des moyens totalement distincts de la récupération par le truchement des prix.
Dans presque toutes les branches de 1'industrie, les « appréciations » de capital (nouvelles constructions, nouvelles usines, nouvelles machines) croissent à un rythme plus rapide .que les dépréciations » (c'est‑à,dire, la consommation d'énergie, les matières premières, la détérioration de l'outillage).
La différence, c'est‑à‑dire l'augmentation des ressources ou richesses immobilisées, doit être liquidée par un crédit public et non pas récupérée par les prix.
4 - Ces charges représentent, en bloc, la capacité de production ultérieure de l'industrie et peuvent, par conséquent, être considérées comme des valeurs additionnelles sur la base desquelles la communauté peut créer un équivalent en argent, libérant ainsi les consommateurs du fardeau de payer en prix pour plus que les valeurs actuellement consommées.
5 - L'argent ne sera créé par cette méthode que pour distribution sous forme d'une ristourne sur les prix lorsque les marchandises auront été vendues au consommateur (et non pas lorsqu'elles sont produites).
6 - La fraction qui constitue cette ristourne et qui est un crédit public, ne sera pas calculée d'après les coûts financiers de chaque organisation productive individuellement, mais d'après la production nationale en bloc, parce qu'il n'est pas désirable ni praticable de faire de telles discriminations ni d'avantager une industrie plutôt qu’une autre.
7 - Le Juste Prix fait au consommateur sera déterminé en soustrayant une certaine fraction du prix de vents de tout article quelconque. Cette fraction à déduire correspondra au rapport argent des valeurs créées et des valeurs détruites ou consommées durant la période comptable antérieure. L'estimation de ces chiffres proviendra des comptes de prix de revient, de production et de vents, obligatoirement fournis, dûment expertisés, au Bureau central de Statist,ique générale qui l'établira pour la période écoulée ('Touts erreur sera automatiquement rectifiée dans la période suivante.)
8 - Etant donné que les importations constituent un accro3ssèment. de la richesse nationale et que 1es exportations la réduisent les premières seront imputées dans le total de la production et les dernières dans le total de la destruction ou consommation.
9 - Si l'on préfère appliquer ces principes par la méthode b), paragraphe 2., les marchandises seront vendues à leur prix plein, mais l'acheteur recevra pour tout achat une Souche qui, comptabilisée à son nom, permettra d'établir en fin de période la ristourne ou escompte qu'il recevra automatiquement et sera portée à son crédit et dont il pourra user à sa convenance.
En conséquence, la seule différence entre cette méthode b) et la méthode a) sera que l’acheteur recevra la ristourne au lieu du vendeur.