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1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 10:50


   La production est mise à la disposition de la consommation non seulement par un système de moyens physiques et mécaniques de distribution (tels que routes, canaux, chemins de fer, avions, moyens de transport variés) ; des procédés et organisations techniques de répartition ; mais encore, et surtout, par un moyen artificiel : l'argent (cf. aussi monnaie).
    Autrement dit, la vie économique - comme la vie sociale et la vie individuelle - n'est possible que grâce à ce que l'on est convenu d'appeler une organisation économique.
   Les hommes d'Etat et de gouvernement ne se préoccupent en aucune manière d'étudier objectivement et de comprendre les causes réelles des contradictions, des absurdités de la situation paradoxale au milieu de laquelle ils se débattent. Loin de les étudier, de soupçonner même un vice majeur initial dans la théorie capitaliste telle qu'elle est appliquée, ils blâment les hommes de se plaindre de leur sort et de demander à cette théorie ce qu'elle ne peut donner. Pour ces hommes d'Etat et de gouvernement ce sont les ouvriers, les salariés, les mal payés, les indigents, l'immense majorité des consommateurs qui ont tort de "vouloir vivre au-dessus de leurs moyens", expression captieuse qui ne veut pas dire autre chose que : désirer plus de choses nécessaires à une existence normale que leurs salaires insuffisants, qu'ils reçoivent comme producteurs, ne leur permettent pas d'acheter.
 Pour ces mêmes hommes d'Etat et de gouvernement, ce sont les salariés qui ont tort de revendiquer des augmentations de salaires, une vie moins précaire, moins misérable ; ce sont les industriels et les commerçants qui ont tort de se prémunir par la hausse des prix, contre l'avilissement de la monnaie et les effets de l'accroissement des salaires, des impôts, des taxes, etc., sur les prix de revient.
   Pour les hommes d'Etat et de gouvernement, comme pour leurs conseillers, les "experts" financiers, les économistes et, bien entendu, les banquiers, comme tous les profiteurs et bénéficiaires du régime capitaliste, la théorie orthodoxe est parfaite. Ils la considèrent intangible comme un dogme, immuable comme une loi naturelle. Pour eux tous, la théorie n'est pas faite pour l'homme mais bien au contraire l'homme pour la théorie. Leur position à cet égard est semblable à celle des Pharisiens à l'égard du sabbat - Jésus ne disait-il pas “le sabbat est fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat” -. Le problème pour eux est de trouver les moyens de coercition nouveaux capables d'imposer aux individus une soumission plus exacte à la théorie dont il faut à tout prix continuer l'application.
    Pour eux, l'argent est le but et la fin de toute activité humaine, de l'activité productrice de la nation. Ils se défendent évidemment, d'entretenir cette pensée ; elle est en fait le guide de toutes leurs actions.
    Pour eux, le but de la production n'est pas de réaliser les conditions d'une vie meilleure pour chaque individu ; ce n'est ni plus d'abondance, ni une répartition plus généreuse et plus équitable à tous ceux qui peinent durement, qui sont dans le besoin, qui souffrent, qui parfois n'ont ni travail, ni logis, ni bien d'aucune sorte. Pour eux, le but c'est le profit ! Pour eux encore, produire c'est "faire de l'argent" pour emplir les caisses de l'Etat par des impôts accrus ou plus savamment répartis et combinés, par des taxes nouvelles, par une fiscalité réformée, c'est-à-dire plus exigeante et plus efficace ; par le relèvement des tarifs postaux, des tarifs de transport, ceux de l'électricité, du gaz, du pétrole, etc. C'est créer des marchandises dont la population se privera, mais que l'on exportera "pour faire des devises" (comme actuellement en Chine). Faire de l'argent, faire des devises, ils n'ont que çà en bouche ! C'est encore - du moins pour les masses travailleuses - consommer moins, s'imposer l'austérité de privations accrues, consentir des "sacrifices" matériels et financiers comme prologue au retour à cette fameuse "prospérité" annoncée par chaque déclaration ministérielle, mais qui ne vient évidemment jamais, sauf pour les maîtres de la finance, de la politique et du régime, et ne se présente aux masses que sous les espèces d'un travail accru (“travaillez plus pour gagner plus”!), de l'avilissement continu de l'argent des salaires, de prix en hausse, d'impôts plus lourds, de soucis renouvelés, de discours ministériels, d'appels pathétiques à la discipline, au patriotisme et au porte-monnaie pour des emprunts qui accroissent la dette publique, c'est-à-dire encore une fois les charges dont ces mêmes masses feront éternellement les frais.
    Pour les hommes d'Etat et de gouvernement, pour leurs conseillers, les économistes et les financiers, c'est le MOYEN - l'argent - qui est donc la préoccupation centrale, la grande affaire !
   Mais c'est aussi cette confusion satanique de la fin et du moyen qui est au fond de la tragique situation du monde. Et c'est le "péché contre l'esprit" que les hommes d'Etat et de gouvernement commettent tous les jours, - ce péché pour lequel il n'y a pas de pardon. Tous ces hommes sont vraiment “des aveugles qui mènent des aveugles”. Jamais les paroles des Evangiles ne se sont mieux appliquées qu'à eux-mêmes: “ils ont des yeux et ne voient point; des oreilles et n'entendent point… Ils ont endurci leurs oreilles et fermé les yeux […] Ils savent assurément discerner l'aspect du ciel, mais ne peuvent discerner les signes des temps”.
   Il est grand temps pour eux tous d'essayer de comprendre ces signes des temps, de poser un instant et d'extrapoler la suite de la courbe de leur expérience orthodoxe qui jette le monde dans l'hallucinante incohérence où nous le voyons som-brer.
   Il n'y a qu'une manière d'attaquer le problème : c'est d'y appliquer, plus particulièrement en France où la chose devrait aller de soi, l'esprit cartésien : déceler les erreurs et leurs causes, bien les identifier, en faire table rase et reconstruire.
   Le monde du XXIe siècle, n'est plus le monde d'avant la machine. Celui-ci est mort. Les vieilles techniques de répartition des âges de rareté de ce monde défunt ne conviennent plus à l'âge de la machine, à "l'âge atomique", à l'âge de l'abondance dans lequel l'humanité est entrée malgré la finance et son principe premier de rareté; et "l'on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres". La tâche la plus urgente du gouvernement n'est pas d'essayer de mettre le vin nouveau du progrès contemporain dans les vieilles outres d'un système capitaliste fossile, mais de se procurer les nouvelles outres nécessaires. Et, ainsi, pour un gouvernement digne de ce nom, un gouvernement pour qui gouverner soit prévoir, un gouvernement conscient de ses responsabilités et de ses devoirs envers la génération présente comme envers la postérité, la première préoccupation ne doit pas être de chercher à maintenir l'application désastreuse et absurde d'une théorie surannée et fausse pour ménager, pour un temps, certains intérêts, des partis politiques et une conception du monde complètement périmée.
   Le premier souci d'un gouvernement doit être de mettre à l'étude sans aucun délai, et dans un esprit objectif, réaliste, dégagé de tout conformisme comme de tout préjugé un projet de réforme totale de l'économie, qui sera au plus tôt mis à exécution.
   C'est le seul chemin, à la fois le plus logique, le plus sûr et le plus rapide, du véritable salut, du véritable redressement, de la paix sociale comme de la paix internationale; et c'est la seule alternative au chaos où le conflit chaque jour plus aigu d'un capitalisme agonisant et des sophismes communistes, mène le monde.

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